Chronique d'un fumeur devenu vapoteur - La découverte du tabac

Je me souviendrais toujours de la première fois où j’ai senti la fumée d’une cigarette industrielle. C’était lors d’un repas de famille.

Avant d’aller plus loin dans le récit, il faut savoir que presque toute ma famille sont fumeurs ou d’anciens fumeurs.

Ce repas de famille était un parmi tant d’autres dans l’année, en ne comptant pas Noël et les anniversaires. A cette époque j’avais 10 ans. Nous étions en train de déguster un succulent festin que nous avait préparé ma grand-mère. Dans mes souvenirs nous en étions à la fin du plat principal. Puis tout à coup un de mes frères se lève et dis à ma famille attendez moi pour le dessert je vais fumer je reviens. Ça m’a marqué car jusqu’à maintenant je n’avais vu des gens fumer que dans les films ou dans les feux de l’amour dont ma grand-mère raffolée tous les dimanches après-midi. Ma curiosité était plus forte que moi, je demandais à sortir de table, je suis allé pressément mais discrètement dans le jardin voir ce que mon frère faisait. Je le vis sortir ce qui était pour moi un tube blanc d’un paquet en carton, le mettre à la bouche puis sorti un zippo de sa poche, pour finir par déclencher « sa pierre à feu » et allumer ce tube blanc. Je le regarde prendre une inspiration sur ce tube, le retirer puis recracher une fumée blanche de ses poumons. Waouh ! comme dans les films ! mon frère était pour moi un héros, mais alors là ça dépassé ce que je pensais de lui. Il était habillé d’un pantalon à pince, des chaussures cirées, une chemise ajustée avec des boutons de manchettes, et une cigarette en main. On aurait dit Gordon Gekko dans Wall Street, un vrai homme d’affaire.

Puis je me rapproche de lui en lui demandant :

- comment tu fais pour sortir de la fumée de ta bouche grand frère ? dis-je d’un air innocent.

- c’est grâce à ça, ça s’appelle une cigarette, c’est du tabac mit dans une feuille que tu mets à la bouche, tu aspires sur le filtre et tu recraches, fastoche hein ? me dit-il tout fier.

D’un coup on aurait dit qu’il a eu un élan de conscience :

- mais c’est pas pour toi, promet moi que tu ne fumeras jamais, ça sert à rien, c’est mal ! me lança-t-il d’un air menaçant.

S’il savait que quelques années plus tard j’allais en prendre pour 10 ans…

Je m’amusais à sauter pour attraper la fumée qui sortait de sa bouche, ça n’était qu’un jeu pour moi et lui ne se doutait pas et ne savait pas qu’il existait un tabagisme passif. Du coup il s’amusait à cracher la fumée dans ma direction pour que j’essaie de l’attraper, tout en la respirant par la même occasion d’ailleurs. J’aimais bien cette odeur de ce qui était pour moi des feuilles cramées. Sa cigarette était finie, nous rentrâmes rejoindre le reste de notre famille pour terminer le repas. Ma mère me demanda où est-ce j’étais, je lui ai répondu : parti fumer avec mon frère maman. je n’aurais jamais dû dire cela, elle m’a fait la morale comme jamais et je lui ai promis que je ne fumerais jamais.

Ce fut la première fois que je senti pour de vrai de la fumée de cigarette industrielle. Ça sentait bon à l’époque.

Quand j’y repense, tout était fait pour que les jeunes commencent à fumer. Nos héros de films ou de séries fumaient, les paquets de cigarettes étaient sympa niveau graphisme, et ils existaient même des cigarettes en chocolat… des cigarettes en chocolat !!! pour nous faire prendre la bonne habitude d’avoir ce truc dans la bouche dès le plus jeune âge. Je ne suis pas complotiste, mais quand même. Faire acheter des fausses cigarettes à des mômes de 10ans voir plus jeunes, faut être vicieux.

Mais aujourd’hui ça ne m’étonne pas vraiment, quand on sait que les cigarettiers paient des fortunes pour que les acteurs fument leurs marques de cigarettes à l’écran. Ils faisaient déjà du placement de produit façon influenceur de réseaux sociaux.