Christelle 41 ans Belberaud (31)
Port Vendres le 20 juillet 2013 13h30 :
Je suis sur la plage près de la jetée en compagnie de Marie, ma très bonne amie aide-soignante.
On pique-nique, et au dessert elle va me proposer de tester un petit « stylo » qui dans très peu de temps va changer ma vie de fumeuse et ma vie professionnelle.
Mais comment en suis-je arrivée là ?
J’ai découvert la cigarette par un après-midi de mes 11 ans en compagnie de Joël et Jérôme que je retrouvais régulièrement pour trainer à nos heures perdues dans un parc dans les bois.
Le désœuvrement et l’appétit pour les bêtises, nous fait allumer une tige amenée par un de mes acolytes. Et nous, adolescents un peu ignare en quête de pep’s, on va la fumer jusqu’au bout.
Pour me coacher, le plus dégourdi me suggère de dire au moment de l’inspiration pour faciliter l’inhalation : « hhhhhin, y a ma mère qui arrive ! ».
Décidément, les minots coachs en avalage de fumée, n’ont pas beaucoup évolué au fil des générations (cf l’histoire d’Adrian contée la quinzaine dernière dans cette même rubrique).
On tousse, on a le ventre qui remonte au bord des lèvres, c’est du grand n’importe quoi !
Mais comme on veut rouler des mécaniques, que l’on a peur de rien tel de vrais tueurs cinématographiques, dont je ne veux pas être la dernière des bonhommes, on se la fait tourner jusqu’à toute la consumer.
Au fil du temps, cette cochonnerie va nous accompagner rituellement les mercredis et certains week-ends.
Puis, cela devient de plus en plus facile à consommer et je vais très vite m’acheter des paquets de dix pour fumer mes deux clopes par jour de semaine en partant et en rentrant du collège.
Je suis en 6ème et je retourne quotidiennement à cette sensation pourrie de vertige, d’autant que je me sens invincible et pouvant m’arrêter à volonté.
En 3ème ça s’accélère avec les premières soirées entre potes et la découverte du coin fumeur clandé, où au collège on se dissimule avec les plus âgés.
Emulation funeste du groupe partageant son bête passe-temps en une chorégraphie saccadée (on agitait nos clopes en l’air et on recrachait la fumée au plus près de la terre pour être le moins repérés).
En seconde, la tueuse devient omniprésente, toute la journée va en être rythmée. Je suis en internat, et elle vient m’empoisonner à toutes les poses quotidiennes sous couvert de liberté. A cette époque, on pouvait fumer dans les lycées…
A ce moment j’atteins ma consommation de croisière (une douzaine de clopes par jour, mais des roulées. Le porte monnaie, il ne faut pas trop pousser, même si c’était du tabac Fleur du pays…), que je garderai jusqu’au dernier jour. Au nom de profiter de la liberté et d’être au mieux assimilée, je me suis emprisonnée.
Après les années lycée, j’enchaine une année de petits boulots. Les rendez-vous pour cloper sont les mêmes, institutionnalisés.
J’atterrie un beau jour d’été en maison de retraite où je perdurerai après m’être formée au beau métier d’aide soignante et ou je rencontrerai, dans la deuxième maison où je me fais embaucher, mon amie décisive précédemment nommée. Je la suivrai à l’hôpital par amitié.
Mais toujours, je roule, je roule, je roule ma douzaine par journée et quelques en plus en soirées, automatisée.
Arrive maintenant cette belle journée de juillet 2013, où sur le sable chaud à la vape je vais être initiée.
Au dessert, alors que je m’apprêtais à allumer ma blonde bien que par ces chaleurs encore moins appréciées, Marie me propose cette drôle de petite machine à tester.
Je suis envahie par un fort bon goût de melon frais tout en lui demandant mais qu’est-ce donc que cela est ?
Elle m’explique alors que son frère François, toujours alerte pour relever des défis et aussi animé par un drame familial où la tueuse à été fatale, a décidé de se lancer dans la vape avec un shop à Pamiers.
A la fin de son congé mater, elle en prendra la gestion voulant de la reconversion. Je lui squatte allègrement toute l’après-midi cette bizarrerie.
Elle m’explique que c’est une
cigarette électronique avec un clearomiseur à mèche. Elle m’en donne même le petit nom : Iclear 16 de chez Innokin monté sur une batterie Ego de 650 mah.
A ce moment-là, elle me parle chinois, mais cette expérience se révèlera bouleversante. Ce goût incroyable, a rendu encore plus détestable ces sales tiges que je ne fumais qu’accompagnées par diverses boissons au rythme des rendez-vous de pseudo sociabilité.
Quel choc ressenti ! Inhaler devenait bon !
A la rentrée, lors d’une autre rencontre, me plaignant de la perte d’intérêt de mon travail, qu’elle avait délaissé, Marie me propose de chercher un local près de Toulouse car son frère veut ouvrir une seconde échoppe.
Elle me dit que je pourrai ainsi suivre ses traces tout en me libérant de l’ennui. Totalement enthousiasmée, en octobre je fais les repérages de local commercial sous leurs conseils avisés et à la fin du mois, je pose ma disponibilité.
Le 13 novembre je commence à me former dans la première
boutique de vape.
Je démarre en me mettant la pression de la fumeuse pas en adéquation, qui va devoir gérer ses pauses clopes dans un métier consistant pour les autres à les faire arrêter.
J’en suis toujours à une douzaine par jour qui me handicape toujours. Telle une vieille alcoolique, je me munie du kit complet pour pouvoir dissimuler.
Ce sera foison de lingettes désinfectantes et pschitt pschitt buccal à tout va pour faire que le client ne sache pas…
Me rendant compte rapidement du peu crédible de ce pauvre stratagème et pour finir avec la contradiction avec la clientèle, je me procure ma première vapote dès la semaine suivante.
Ce sera celle que j’avais découverte à l’été et pour supporter ces nouvelles journées avec les cigarettes supprimées, ce sera du
e-liquide gôut melon mentholé en 6 mg pour démarrer.
J’ai donc arrêté de fumer en journée « malgré moi » sans passer par l’étape de la volonté et de ses difficultés. Je ne sens aucun manque mais je me prends très vite un retour de bâton olfactif.
Bonjour les odeurs de transpiration et les fumeurs qui m'incommodent même en étant dans la voiture qui me précède.
En même temps, cet odorat démultiplié, va me permettre d’argumenter en vrai auprès de ma clientèle sur les bienfaits très rapides de cet arrêt à mi-temps.
Les odeurs chatoyantes et l’augmentation de la capacité pulmonaire compensant allègrement tous les désagréments. Pour eux cela devient la preuve par l’exemple de la vape qui ôte le manque sans douleur.
En plus la
vape permet de ne pas être exclu des pauses clopes sacrées. Avec cette nouvelle copine vous ne serez pas punie de cette sociabilité.
Comme un poisson dans l’eau dans cet océan des possibles, je vogue prestement en testant la quelque variété dont les fruités seront toujours mes préférés.
Je fini par transformer l’essai et le premier avril de l’année suivante, j’ouvre la nouvelle boutique à Balma. Les clopes du matin disparaissent en même temps que cette évolution. Sans y penser, plus j’ai vapé moins j’ai fumé.
Au vu de la pénurie d’innovation, je flatte mon côté girly en collectionnant mes vapes « stylo » à faire pâlir celle de mes chaussures.
Je la possède déclinée dans tous ses designs et même quand elle clignote je l’adopte. Je deviens la vitrine vivante de la tendance de vapote.
L’année suivante je découvre une Eleaf à écran que l’on peut pousser à 20 watts, le Sub-Ohm ne va pas tarder à pointer son nez.
C’est sur le Ijust 2 que je vais jeter mon dévolu en enchaînant après par une box à accus. L’Itaste de Innokin sera l’heureuse élue. Volage par professionnalisme et plaisir de la découverte, les garder plus de six mois deviendra un exploit.
Un beau soir de 2015, à l’heure d’un de mes rendez-vous avec la tueuse, je me rends compte avoir zappé celle de la veille au même moment installé.
Je me dis qu’il serait trop bête de ne pas profiter de cette bonne occasion de la chasser.
Pour éliminer ces dernières tentatrices, l’eau et la vape seront déterminantes.
Belberaud le 1er octobre 2021 17h :
Aujourd’hui je vapote totalement épanouie, libérée de la clope que vous ne me verrez plus brûler ou qu’exceptionnellement par dépit suite à une rés cramée ou plus de batterie.
Je suis ravie dans ma santé et ma vie pro. Le MTL aérien me comble au quotidien (la
Coolfire Z80 et le
Nautilus 3 seront bientôt chez moi) bien que pour transmettre j’ai acquis toutes les autres maîtrises.
J’ai le souci aussi de beaucoup penser à la gent féminine quand je suis à l'affût de nouveaux setups, pour enlever le côté possiblement rebutant de certains grossiers. Couleurs, textures agréables et efficacités sont mon crédo pour les séduire.
J’espère que cette petite histoire vous aura distrait, et peut-être inspiré ou conforté pour ne jamais quitter ce petit nouveau monde, aux poumons nettoyés.
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