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Une passerelle vers le tabagisme à cause de la cigarette électronique, une fausse idée ?

Une passerelle vers le tabagisme à cause de la cigarette électronique, une fausse idée ?

Quand le marché de la cigarette électronique a explosé, beaucoup craignaient que celle-ci entraîne une dépendance à la nicotine et constitue de ce fait une voie d'entrée dans le tabagisme pour les non-fumeurs, notamment pour les jeunes. Aujourd'hui, la majorité des études et enquêtes montrent qu'il n'en est rien.

L'un des principaux arguments des réfractaires de l'ecig est le fait que les cigarettes électroniques pourraient constituer une voie d'entrée dans le tabagisme des non-fumeurs, surtout chez les plus jeunes. L'OMS recommande l'interdiction de la vente de e-cig aux mineurs au nom du principe de précaution. De plus les cigarettes électroniques pourraient être choisit par les jeunes non-fumeurs car celles-ci ont un côté tendance, notamment grâce aux arômes et l'attrait de la nouveauté.

Une récente étude prétend que la cigarette électronique pourrait conduire à la consommation de cigarettes classiques voire même de drogues tels que la cocaïne ou le cannabis. En cause : la nicotine qu'elles contiennent et qui exercerait les mêmes effets biologiques sur le cerveau que la nicotine des cigarettes classiques, la nicotine constituant une voie d'introduction aux drogues.

Mais en réalité, il n'y a aucune preuve... La théorie de la cigarette électronique passerelle reste une théorie, ont rappelé plusieurs scientifiques.

On ne sait déjà pas si la cigarette électronique induit une dépendance à la nicotine. La cinétique de la nicotine délivrée par l'e-cigarette semble dépendre de la façon dont cette dernière est utilisée. Prise en bouffées répétées et rapprochées, l’e-cigarette délivre la nicotine avec une cinétique voisine de celle de la cigarette, susceptible alors de maintenir la dépendance. Prise par petites bouffées réparties régulièrement sur la journée, l’e-cigarette apporte une cinétique voisine de celle des patchs et soulage bien le manque de nicotine, sans entretenir à un niveau élevé la dépendance. Les taux plasmatiques de nicotine sont en tout cas intermédiaires entre les taux observés après avoir fumé et ceux obtenus avec les substituts nicotiniques.

Ensuite, les données récentes indiquent que ce sont surtout les fumeurs qui testent les cigarettes électroniques. Cela chez les adultes comme chez les jeunes.

Une enquête menée au Royaume-Uni par l'Office for National Statistics (ONS) nous enseigne que la majorité des vapoteurs sont des fumeurs ou des anciens fumeurs et que seuls 0,1% des non-fumeurs utilisent une e-cig (contre 11,8% des fumeurs et 4,8% des ex-fumeurs).

L'enquête Paris Sans Tabac 2014 a montré que ce sont surtout les jeunes fumeurs qui testent la cigarette électronique (90% des fumeurs contre 23% des non-fumeurs). Une étude menée en Pologne avait donné la même information : les étudiants qui ont testé la fumée de cigarette sont plus enclins à tester la cigarette électronique que ceux qui n’ont jamais fumé (38.2% vs 8.8%). Les auteurs d'une étude menée sur 26 566 jeunes Européens ont trouvé que seulement 1% des non-fumeurs avaient testé la cigarette électronique.

Des enquêtes commanditées par une plus des importantes associations de lutte contre le tabagisme au Royaume-Uni, ASH UK montrent également qu'un très faible nombre de jeunes non-fumeurs âgés entre 13 et 18 ans aurait expérimenté la cigarette électronique, que ce sont les jeunes qui fument le plus régulièrement qui sont les plus susceptibles d'essayer la cigarette électronique et que 90% des utilisateurs réguliers ou occasionnels de la cigarette électronique sont des fumeurs ou des ex-fumeurs.

Enfin, ces enquêtes et publications récentes laissent entendre que les jeunes -majoritairement fumeurs- essaient la cigarette électronique mais ne l'adoptent pas forcément. L'enquête Paris sans Tabac par exemple a montré que les jeunes entre 15 et 24 ans (majoritaires en terme d'expérimentation) et ceux âgés de 25 à 34 ans testent la cigarette électronique mais ne deviennent pas des vapoteurs réguliers. L'enquête ASH arrive aux mêmes conclusions: le nombre de jeunes (de 11 à 18 ans) qui ont essayé une e-cigarette a augmenté entre 2013 et 2014, passant de 7% à 10%. Mais seulement 1,8% des jeunes sont des consommateurs réguliers.

Le Pr Linda Bauld, dans une récente présentation reprenant les résultats de 32 études, a montré que sur l'ensemble des pays concernés par les études, le taux de consommateurs réguliers de e-cigarettes chez les non-fumeurs était bas (taux le plus haut identifié: 2%).

En ce qui concerne l’effet passerelle, une étude sur 1300 jeunes menée par le Dr T. Wagener a trouvé un seul cas de passage au tabagisme après initiation à la e-cigarette.

Pour conclure, les données récentes tendent à montrer une diminution du tabagisme et pas une explosion comme cela est annoncé par les adversaires de la cigarette électronique. Ainsi, des données issues du Royaume-Uni indiquent que le taux de tabagisme en 2013 est le plus bas jamais observé depuis quelques années cela alors que l'initiation à la cigarette électronique est en plein essor.

Cependant, il est vrai que les cigarettes électroniques ont un côté attractif (les arômes fruités, chocolat plaisent notamment aux jeunes) et qu'elles délivrent de la nicotine lorsque les e-liquides utilisés en contiennent. Elles peuvent donc être le premier contact des jeunes non-fumeurs avec la nicotine et on sait grâce à des enquêtes récentes qu'elles le sont pour un certain nombre de jeunes dans plusieurs pays a rappelé le Pr Bauld. Ainsi, 263 000 collégiens et lycéens n'ayant fumé ont utilisé une cigarette électronique en 2013 aux USA (chiffres du CDC).

Il est donc important de continuer à faire des études sur jeunes et cigarettes électroniques afin de mieux comprendre comment ces produits sont perçus et utilisés par ces derniers, Seules des données longitudinales fiables permettront de voir si la cigarette électronique constitue ou non une passerelle vers le tabagisme.


Source : Stop-tabac

voopoo

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