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Pour lutter contre la pollution des mégots, faut-il interdire les filtres ?

Pour lutter contre la pollution des mégots, faut-il interdire les filtres ?
Les grandes avancées se font souvent à la suite d’une innovation qu’on appelle «disruptive», c’est-à-dire qu’elle provoque une fracture dans les idées reçues et les pratiques bien ancrées. La lutte contre le tabagisme a bénéficié récemment dans le sérieux «British Medical Journal» d’une idée qui pourrait s’avérer de cette nature. Sous le titre «No more butts» (Fini les mégots), un éditorial paru en octobre dernier propose d’interdire purement et simplement les filtres dans les cigarettes manufacturées.

Cette idée rassemble naturellement derrière elle les défenseurs de l’environnement, lassés de voir des milliards de mégots proliférer dans la nature et polluer nos eaux, ainsi que les autorités publiques qui doivent supporter les coûts de leur nettoyage. Elle propose en outre un nouvel angle d’attaque contre le tabac en visant le produit lui-même et non plus la façon dont il est commercialisé. Mais elle amène surtout un solide argument de santé publique en rappelant l’absence de validité scientifique d’une croyance bien ancrée, y compris chez de nombreux professionnels de la santé: celle de l’utilité du filtre dans les cigarettes.

Les filtres sont apparus dans les années 1950, quand l’industrie du tabac a dû faire face aux premières critiques quant à l’impact de ses produits sur la santé. Les documents de cette industrie, rendus publics à la suite d’un jugement de 1998, attestent que, bien qu’ils aient à l’origine été conçus pour tenter de réduire la nocivité du produit, ils s’en sont montrés incapables. Ils ont en revanche été transformés en formidable outil de marketing: si mon filtre est sale lorsque j’ai fumé ma cigarette, c’est qu’il a certainement retenu des particules nocives pour ma santé.

L’avantage est qu’au passage le filtre permet de rendre la cigarette moins âcre à fumer et de ne plus laisser de débris de tabac dans la bouche, ce qui renforce la perception trompeuse d’un produit plus propre et moins nocif. Il incite en revanche à inhaler plus profondément et à garder la fumée plus longtemps dans les poumons, aggravant ainsi les dégâts. Pour l’adolescent·e qui fume pour la première fois, la disparition du filtre signifie la disparition d’un leurre, et le produit perd une immense partie de son attractivité. Un certain nombre de fumeurs adultes seront aussi motivés à tenter d’arrêter.

En Suisse, le conseiller national Nik Gugger a déposé tout récemment une motion demandant l’interdiction des filtres, signée par 30 de ses collègues de tous bords politiques. Le gouvernement et le parlement ont ainsi l’occasion de travailler sur une avancée majeure et innovante au niveau mondial.

Si les élu·e·s sensibles à l’écologie parviennent à rejoindre les partisan·e·s de la santé publique, on peut rêver d’une Suisse «disruptive» et donc pionnière dans la lutte contre le tabagisme, comme elle l’a été par le passé dans la lutte contre les drogues.


Source : 24 heures
voopoo

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