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Philippe Coy et Yves Martinet s'expriment sur les puffs et le snus

Philippe Coy et Yves Martinet s'expriment sur les puffs et le snus
Dans l’émission « Punch-line » de Laurence Ferrari sur Europe 1, Philippe Coy et Yves Martinet (président du Comité national contre le Tabagisme) se sont quelque peu « échauffés », à propos des deux grands sujets du moment : Le snus et les cigarettes électroniques jetables (puffs).

Nous vous rapportons l'essentiel du débat.

Journaliste : Professeur Martinet, vous avez déjà entendu parler du snus ?

Yves Martinet : Le snus est un produit bien connu qui s’est historiquement développé en Suède. Quand celle-ci a rejoint l’Union européenne, le snus a été interdit dans tous les autres États -membres. Historiquement, c’est un produit connu des marins, notamment dans les sous-marins … c’est une façon de consommer du tabac mais surtout de s’initier à la nicotine. Car c’est cela le problème. Avec le snus on devient dépendant à la nicotine. Le même problème qu’avec la puff, d’ailleurs.

Journaliste : Mais depuis quand le snus est en France ?

Yves Martinet : Depuis quelques années, notamment chez certains sportifs qui y trouvent une stimulation liée à la nicotine sans la fumée du tabac. Mais cela est illusoire … Ce qui se passe c’est que Philip Morris est en train de racheter une fabrique suédoise de snus et essaie ainsi d’offrir une nouvelle porte d’accès à l’addiction de la nicotine en s’adressant aux jeunes adolescents. C’est cela, l’objectif.

Journaliste : Mais de quoi sont composés ces sachets ?

Yves Martinet : C’est du tabac et il y a une base pour que la nicotine puisse être absorbée au niveau de la muqueuse sans les inconvénients de la fumée. On laisse le sachet, dans la bouche, environ 15 minutes entre la joue et la gencive ou au niveau de la lèvre supérieure. Et la nicotine est absorbée. Ce n’est pas anodin au niveau de la santé. Il y a l’addiction à la nicotine.

Après, il y a le risque cardio-vasculaire lié à la nicotine, ce qui est commun. Il y a aussi un risque de cancer du pancréas plus élevé chez les consommateurs de snus. Le cancer de la gencive est moins évident qu’avec d’autres tabacs oraux. Et puis vous avez des gencives assez colorées, abîmées, c’est assez moche. En fait, c’est une porte d’entrée pour l’addiction à la nicotine. La stratégie des industriels est de remplacer les fumeurs qui arrêtent ou décèdent par de nouveaux consommateurs de snus ou de puffs...

Journaliste : Et sont visés les jeunes qui voient les sportifs l’utiliser à travers l’action des influenceurs sur les réseaux sociaux...

Yves Martinet : Marketing... marketing... les influenceurs. Tout cela est illégal. On sait maintenant que si vous avez des jeunes qui consomment de la cigarette électronique, ils ont 3 à 4 fois plus de risques de devenir fumeurs de tabac que les autres. Vous avez aussi le problème des arômes. Certains arômes des puffs visent les enfants qui deviennent ainsi addicts à la nicotine...

Journaliste : Est-ce que vous en voulez aux buralistes qui mettent en avant ces produits ?

Yves Martinet : Clairement les buralistes, dans leur grande majorité, ne respectent pas l’interdiction de vendre du tabac aux mineurs. C’est un réel problème. Car ils s’engagent, en devenant buralistes, à respecter la loi. Mais avec les puffs, c’est plus compliqué parce que les puffs sont aussi en vente dans les grandes surfaces, les Gifi, les Leclerc...

Journaliste : Philippe Coy, vous avez entendu M. Martinet qui en veut aux buralistes de mettre en avant les puffs. A-t-il tort ?

Philippe Coy : Je ne suis pas surpris de ses propos parce que, depuis des années, il en veut aux buralistes. Je ne partage pas, bien évidemment, son point de vue. Je sais que notre réseau a des efforts à faire en termes de prévention sur la vente aux mineurs. Nous y travaillons parce que depuis 4 ans nous avons créé un comité Éthique: pour assurer le strict respect de la réglementation sur l’ensemble des produits que nous vendons: tabac, alcool, jeux...

Pour en revenir à la puff – et là, je rejoins M. Martinet – je rappelle que ce produit est malheureusement vendu dans les circuits de distribution qu’il a nommé et même proposé bien des fois dans des rayons confiserie ce qui amène une confusion chez le consommateur...

Journaliste : Et le snus ?

Philippe Coy : C’est un produit qui commence à arriver sur le marché français en l’absence de toute réglementation. J’ai demandé aux pouvoirs publics un cadre réglementaire pour éviter que demain on le retrouve dans un rayon de supermarché. On a eu l’exemple, il n’y a pas si longtemps, avec le CBD. On le voit avec la puff. Je lance un appel aux autorités pour qu’elles l’ encadrent avec toutes les précautions que ce produit à base de nicotine doit rencontrer.

Journaliste : Vous préféreriez les commercialiser plutôt qu’une interdiction totale ?

Philippe Coy : Interdire n’est jamais une solution ou, à tout le moins, c’est une solution de facilité. Je préfère qu’un cadre soit donné avec une réglementation qui pourrait être au bénéfice des buralistes qui sont habilités à vendre des produits sensibles, ou à addictions, dans le cadre d’une règlementation officielle...

Journaliste : Mais vous vendez quand même des puffs avec un marketing tourné vers la jeunesse …Est-ce que vous le concédez ?

Philippe Coy : Je le concède et je condamne ce marketing. Parce que nous souhaitons un regard objectif sur les produits du vapotage. Quand je regarde ce qui se passe au Royaume-Uni où les autorités sanitaires favorisent le vapotage en incitant les fumeurs des produits traditionnels à aller vers des produits à nocivité réduite... C’est sur cette voie que s’est engagée la Confédération depuis 5 ans pour que l’on développe une offre moins nocive.

Pour la puff, je condamne fermement la propagande faite sur les réseaux sociaux, tel que Tik Tok. Quand vous faites appel à des influenceurs c’est que vous vous adressez à un public jeune, voire des mineurs, vous avez choisi une cible bien précise qui n’a rien à voir avec les adultes. Pour nous, c’est hors du cadre légal...

Journaliste : Et vous êtes conscients que des mineurs en consomment...

Philippe Coy : On en est conscient et c’est pourquoi je rappelle, en permanence, aux 23 500 buralistes l’ensemble des règles. Car nous sommes confrontés au quotidien à cette réalité, y compris avec des parents qui achètent pour leurs enfants. C’est à la fois un travail de pédagogie et du refus de vente.

Journaliste : Vous trouvez qu’il y a assez de sanctions pour ceux qui enfreignent la règle, buralistes ou autres ?

Philippe Coy : Les produits du vapotage ne peuvent pas être vendus aux mineurs...

Journaliste : Il y a une enquête du CNCT qui montre que des buralistes vendent aux mineurs...

Philippe Coy : Le CNCT ne cible que les buralistes. Ils ne sondent pas les stations-services ni les discothèques. Et puis ce serait bien que le CNCT observe le marché parallèle sur la voie publique... Comme cela, on pourrait parler de la même chose. Certes, nous ne sommes pas parfaits et je ne nie pas cette réalité.

Mais à la Confédération, nous travaillons avec un comité Éthique et nous lancerons, dès le mois de janvier, un programme d’accompagnement qui s’appellera BOB, comme Buraliste Officiellement Bienveillant pour former et reformer l’ensemble des buralistes et leurs collaborateurs. Nous avons un devoir de respect de la loi, j’y tiens, nous sommes engagés auprès des pouvoirs publics. Le projet des buralistes est bien d’aider les fumeurs qui le souhaitent de quitter le tabac à combustion pour aller vers des produits moins nocifs comme le vapotage.

Yves Martinet : Je comprends que M. Coy défende ses troupes. Cela dit, il n’y a aucun contrôle organisé par l’État concernant l’interdiction de vendre des produits de nicotine par les buralistes. La seule enquête c’est la nôtre. Et elle démontre que la majorité des buralistes ne respecte pas la loi. Il y a actuellement des procès à Reims et Paris. Je le rappelle : Le buraliste a, de par la loi, l’obligation de s’assurer de l’âge de ses clients. La grande majorité des buralistes vendent à des mineurs. Cela monte à 90 % dans les grandes villes...

Philippe Coy : Je ne vais pas me lancer dans une bataille de chiffres. M. Martinet a l’intention de nuire au réseau des buralistes, c’est son métier, son engagement. Je préfère regarder comment on peut améliorer cette situation. Les buralistes sont des entrepreneurs responsables et non des boucs émissaires. Nous demandons aux pouvoirs publics de faire passer ses messages sur les modes de consommation de la nicotine. Et il serait mieux de travailler ensemble. Le réseau des buralistes est engagé dans un processus d’ éthique. Notre vocation est de vendre des produits légaux et homologués.
voopoo

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