Nous tenons à préciser que nous ne sommes pas ici pour parler de politique mais de vape et de son histoire.
Le quotidien L’Opinion a publié une série sur « ces objets qui racontent la présidentielle ». Parmi lesquels … La cigarette électronique de Marine Le Pen. Dont nous reprenons ce texte.
Quand on y songe, ces dernières années peu de choses ont été aussi diabolisées que les cigarettes.
Il n’y a pas si longtemps, la cigarette constituait l’arrière-fond de l’imaginaire de la France des Trente Glorieuses, celle des Georges Pompidou, Jean Gabin et autres Serge Gainsbourg.
Elle est peu à peu devenue l’ennemie de santé publique numéro 1, disparaissant des affiches publicitaires, des films et des plateaux de télévision, finissant par être chassée des avions, des bureaux et même de tout lieu public fermé.
Pour conter ce lent effacement, un chapitre consacré au « déclin de la France qui clope » aurait toute sa place dans un futur opus de Patrick Buisson, coincé entre un propos sur la fermeture des bistrots et un autre sur l’abandon des messes en latin.
Face à ce qu’il ne manquerait pas d’appeler une « profonde modification anthropologique », deux réactions ont vu le jour.
D’un côté, d’irrésistibles identitaires de la clope continuent de défendre ardemment les valeurs et les us et coutumes de leurs Gauloises ou de leurs Gitanes.
De l’autre, les partisans d’un adoucissement de la forme plaident pour une modernisation des pratiques, seule façon de dédiaboliser l’acte de fumer : de là vient sans doute l’idée d’inventer cette drôle de machine qu’est la
cigarette électronique.
À la lecture de ce qui précède, on ne sera pas surpris d’apprendre que Marine Le Pen en est une de ses plus illustres représentantes.
Ancienne grosse fumeuse, elle a décidé d’arrêter la cigarette en 2013 : depuis, nous dit-on, elle ne lâche plus sa vape – « c’est moins nocif, il y a moins de nicotine », glisse-t-elle, comme pour se justifier.
Pendant longtemps, elle l’a toutefois soigneusement laissée à l’abri des regards et des caméras. Peut-être fallait-il laisser le temps au grand public de s’y faire.
Comme en rigole le Youtubeur Norman : « La première fois que tu vois un mec qui fume une cigarette électronique, tu bloques un peu, parce t’as l’impression que le mec il fume un objet ».
Peut-être en va-t-il aussi du geste en lui-même. « Avec le
vapotage, notait Philippe Delerm, l’aveu public de l’addiction a pris une apparence un peu furtive, un peu honteuse. On n’ose même pas dire que la cigarette électronique se fume. Elle se biberonne en retrait, visage penché, regard fuyant […]. Triste dans son recueillement, son aparté, son jansénisme retranché d’épicurien maussade ».
C’est maintenant du passé : la cigarette électronique est peu à peu entrée dans le champ de la candidate du Rassemblement national.
D’abord nonchalamment posée sur une table ronde à Marseille, la cigarette électronique est fièrement dégainée en fin d’interview à Livre Noir, en marge de son déplacement à la foire agricole de Poussay. Cette fois, le geste est sûr et décomplexé, vaillant et fier.
C’est sûr, la
vape n’est plus cet ersatz de la cigarette : elle a désormais son existence propre.
Reste que la cigarette électronique et Marine Le Pen font face au même problème : après s’être libérés de leur encombrant passé de « méchant », il leur reste à bâtir une mythologie de substitution.
« Un jour, il y aura peut-être un Gainsbourg vapoteur » : Philippe Delerm en doutait. Mais savait-il que Leonardo di Caprio et Johnny Depp étaient d’ardents vapoteurs ?
On vous en parlera dans un prochain article.