La Nouvelle-Zélande veut interdire progressivement la vente de tabac à partir de 2027, pour faire des générations sans tabac.
À partir de 2027, l'âge limite pour la vente de tabac augmentera d'un an chaque année en Nouvelle-Zélande. Aujourd'hui fixé à 18 ans, comme en France, l'âge limite augmentera progressivement, avec pour objectif de faire des jeunes nés après 2008 une génération sans tabac.
Une première mondiale avec comme but à long terme d'interdire la vente de tabac dans le pays. "Nous voulons nous assurer que les gens ne commencent jamais à fumer... en vieillissant, eux et les générations futures ne pourront jamais acheter légalement du tabac", a déclaré la ministre de la Santé Ayesha Verrall.
L'aboutissement de mesures amorcées en France
Une stratégie déjà amorcée en France, nous rappelle Bertrand Dautzenberg, pneumologue, tabacologue et secrétaire général d'Alliance contre le tabac.
"La décision de la Nouvelle-Zélande, c'est l'aboutissement d'un processus de long terme débuté en France en 1974 avec les premiers plans anti cancer, puis les interdictions progressives de fumer dans certains lieux.
Comme la Nouvelle-Zélande, la France a progressivement interdit le tabac dans certains lieux : avions, bars et restaurants... La France suit ce changement, inévitable, dans tous les pays du monde.
Cela aboutit aujourd'hui en Nouvelle-Zélande, et sans doute prochainement en France", poursuit le spécialiste.
La Nouvelle-Zélande est reconnu comme un pays pionnier dans la lutte contre le tabac. En 1990, l'archipel avait interdit à l'industrie du tabac de sponsoriser le secteur du sport et en 2004 de fumer dans les bars.
Des décisions prises en France quelques années plus tard, respectivement en 1991 et en 2008.
De là à dire que la France pourrait suivre la Nouvelle-Zélande dans quelques années sur l'interdiction de la vente de tabac aux générations futures ?
En France, l'objectif est d'y arriver vers 2030
"C'est l'aboutissement d'un processus de long terme dans lequel la France est engagée, mais avec quelques années de retard sur la Nouvelle-Zélande.
Petit à petit, on arrive à ce qu'on appelle des générations sans tabac, grâce au changement progressif des normes sociales, débuté en 1974, et notamment renforcé avec la loi Évin en 1991 et les hausses des prix", poursuit Bertrand Dautzenberg.
Depuis 2015 et la présidence de François Hollande, la France a lancé l'objectif d'une génération sans tabac d'ici 2030, c'est-à-dire moins de 5 % de fumeurs dans une classe d'âge.
Lancé par la ministre de la Santé de l'époque Marisol Touraine, l'objectif a été repris par Emmanuel Macron dans le cadre du plan anti cancer.
Une forte baisse de la cigarette chez les jeunes
En France, les études montrent une baisse continue du
tabagisme chez les jeunes. En 2017, 59 % des adolescents disaient avoir déjà fumé une cigarette, contre 78 % en 2000, selon la dernière étude de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
Un adolescent sur 4 (25 %) fume tous les jours, contre 41 % en 2000, de quoi viser l'objectif de 2030.
D'autant que l'âge de la première cigarette recule. L’enquête EnCLASS/HBSC, relayée par l'étude de l'OFDT, rapporte qu'à 13 ans, les jeunes sont deux fois moins nombreux à avoir expérimenté la cigarette en 2018 par rapport à 2006 (29 % contre 14 %).
Un enjeu de santé publique
Une chasse au tabac menée par la Nouvelle-Zélande qui a un objectif de santé publique. Au sein des communautés maories et du Pacifique, le taux de tabagisme est environ deux fois plus important que les 13,5 % enregistrés au sein du reste de la population.
À l'origine d'un cancer sur quatre, le tabac reste la principale cause de décès évitable en Nouvelle-Zélande avec entre 4 000 et 5 000 décès par an.
Le gouvernement souhaite réduire ce pourcentage de tabagisme à 5 % d'ici 2025 avec conséquence pour le système de santé d'économiser environ 3,3 milliards d'euros de dépenses.
"Le tabac fait plus de 8 millions de morts chaque année dans le monde, c'est le premier facteur de risque de cancer du poumon et de cancer de la vessie, et de nombreux autres cancers.
Le tabac a un cout très élevé en terme de santé publique, il faut avoir le courage de l'interdire", appuie la pneumologue Corinne Depagne, qui pointe également les conséquences indirectes du tabac.
Il faut suivre l'exemple de la Nouvelle-Zélande
"Les enfants exposés à la fumée de cigarette courent un plus grand risque de souffrir d'asthme, d'allergies, d'otites et d'eczéma", poursuit la spécialiste, qui souhaite que la France s'inspire de la Nouvelle-Zélande.
"Les jeunes sont le nerf de la guerre car plus vous commencez jeune à fumer, plus vous devenez addict, il fait faire comme en Nouvelle-Zélande et l'interdire progressivement", conclut la pneumologue, qui déplore notamment que l'interdiction de vente aux mineurs ne soit pas suffisamment respectée.
Selon Santé publique France, on enregistre 75 000 morts par an du tabagisme, essentiellement liés aux cancers qu'il entraîne.