Adrian 26 ans Gaillac (81)
Gaillac le 9 août 2018 23h :
Je suis tranquillement chez moi, je grille ma dernière clope avant de commencer à travailler le lendemain pour un
shop de vape. Je vais pouvoir réunir ma passion et mon travail en éliminant durablement la tueuse.
Mais comment en suis-je arrivé là ?
J’ai treize ans, c’est l’été et j’accompagne régulièrement dans le jardin mon petit frère de 12 ans quand il va fumer en cachette les Fortuna piquées à notre belle-mère. Ce soir-là, je ne sais pourquoi, je lui en demande une. Et je la fume en entier sous ses conseils avisés.
Il va même jusqu’à me coacher.
Pour avaler la fumée vite fait bien fait, il me dit de prononcer : Oh Maman m’a grillé !
Tel le photographe demandant : Ouistiti ! Pour acquérir un sourire collectif.
Mala fortuna ! C’est le monde enfantin qui appui l’addiction…
Premières bouffées qui me font un peu tousser mais le shoot de nicotine tout de suite aimé (la tête qui tourne un peu et l’excitation qui fait stimulation).
Pendant un mois ou deux, j’oublie cette expérience. Cette fois, le papillonnage de l’enfance vient à mon secours.
Mais à la rentrée, mon apprentissage dans le bâtiment va m’emporter dans les brumes d’un océan de fumée pour deux longues années.
Sur les chantiers, ça fume comme des pompiers. On m’en tend sans arrêt, sous prétexte de convivialité, et ne me faisant pas prier je consomme sans arrêt.
Me voila bonhomme à me filer mes dix tiges par jours plus les quelques piquées et consommées toujours le soir et le week-end dans mon jardin préféré. A la maison point de dupe, mais tant que pas pris sur le fait aucune remontrance prononcée. Les petites souris échappaient toujours au gros chat dépité.
Au bout de trois mois, les premières payes vont m’amener à acheter ces foutues blondes faisant ma consommation exploser. J’enchaine mon paquet de Philip Morris par jour, celles qu’on m’offrait sur les chantiers.
A la fin de mon apprentissage, je décide de quitter mon sud-ouest natal pour accompagner mon père en Bretagne où il avait été muté.
J’ai quinze ans, trop jeune pour trouver facilement du boulot, c’est le désœuvrement mais paradoxalement, mon corps me permet de diminuer à une dizaine les tiges consumées.
J’ai maintenant seize ans, toujours pas de boulots mais des amis et des journées assez remplies.
Un jour de balade dans la bonne ville de Lorient, je passe devant une boutique occupée par une bonne dizaine de personnes et autant faisant le pied de grue devant.
Intrigué, j’en franchis le seuil dans l’idée de découvrir ce tout nouveau plaisir sans pour autant arrêter de fumer. Nous sommes aux prémisses de ce commerce et je découvre la
vape comme une simple nouveauté branchée.
Un conseiller / vendeur ne se formalisant pas de mon jeune âge, me reçoit pour me questionner sur ma consommation en vue d’un arrêt. Bien que de prime abord pas concerné, je me laisse entrainer de bonne volonté.
A cette époque, pas de matériel à foison, il me propose la Ego 510, valeur sûre du moment. Le geek en moi s’éveillant, je lui demande de me décrire les autres modèles demandant plus d’argent. Mon dévolu se jettera finalement sur la Ego 510 à voltage variable avec le clrearo T2 (Monsieur Georges Lucas n’est pas loin…).
Pour le choix des
eliquides, c’est sa collègue spécialisée qui m’accueille pour ses conseils éclairés. Elle me présente ses classics aux noms de villes. Je décide de m’embarquer pour les rives de l’Orient. Pas décidé à me sevrer, je voulais sans doute voyager. Au vue de la maigre puissance de mon coucou, en 16 mg je carburerai.
Je vapote allègrement sur le trajet du retour. Et je vais tellement tarponner comme un pompier toute la soirée que je vais en oublier de fumer.
Le lendemain, deux blondes seulement seront aspirées de toute la journée, pour, par contre, vapoter jusqu’au milieu de la nuit, la vapeur étant bien moins détectable que la fumée.
Le climat peu ragoutant dans cet exil breton va accélérer mon vapotage aux dépends des clopes.
Au bout d’une quinzaine, je commence à explorer la toile pour emmagasiner les quelques informations disponibles sur ce nouveau territoire me semblant bien aimé.
Me laissant agréablement absorber, j’arrête totalement de fumer en semaine, gardant ce plaisir coupable modérément en soirées.
Encore une quinzaine passée et me voilà dans la boutique pour acquérir le modèle supérieur à ma première machine. Plus résistante, plus d’autonomie, plus puissante, plus jolie et équipée du mini pro tank bien plus qualitatif en saveurs.
Je passe de l’initié, au vapoteur en quête de nouveautés avec aussi des eliquides menthes et les premiers fruités.
Bob le bricoleur vient me visiter, je commence à m’intéresser aux entrailles de ces machines que je démonte et que je nettoie parfois avec perte et fracas.
Pendant cette année, je continue mes beaux nuages mes expérimentations, et ma récolte d’infos assidument.
Je vais même grâce à un tuto, agrandir l’aiflow de mon clearo, qui, telles les mobylettes d’antan avec leurs pots modifiés, va pouvoir augmenter péniblement son volume de vapeur. Me voilà mécano de vapote de compétition !
Le travail me fuyant toujours, il est temps à l’orée de mes dix sept ans de retourner dans mon sud ouest ensoleillé. Je vais ramer encore un an mais les copains de toujours vont égailler mon environnement.
Peu après mon retour, un shop de vape se monte dans ma douce ville de Gaillac. Elle est bien plus achalandée que sa petite sœur bretonne. Je vais en devenir un client, déjà bien expérimenté, très très régulier.
Tous les mois j’achète le nouveau clearo que j’utilise avec intensité. Je teste tous les jus, je renseigne à l’occasion la vendeuse parfois mal éclairée avec qui j’ai sympathisé et je ramène quelques amis pour leur faire adopter cette nouvelle habitude bien plus inspirée.
J’essaye d’être à la pointe de l’innovation et la boutique devient un peu ma seconde maison. Je découvre ensuite les premières
box à accus externes grâce notamment aux vidéos de David qui officie encore aujourd’hui.
N’écoutant que mon cœur de pionnier, je m’empresse de commander sur un site de l’empire du milieu, un vamo V2 qui sera mon premier tube à accus externe (une véritable poignée de sabre laser. Tiens, tiens, le père Georges revient nous faire un coucou…).
Dans les 150 € pour le tube, les accus et le chargeur tout de même. Mais quand passion te prend…
Je commence aussi à m’inscrire dans les premiers groupes Facebook de vape tout en ingurgitant goulument les infos se multipliant. Je maintiens toujours la tueuse à distance sans pouvoir lui refuser de partager mes soirées fêtées.
Pui je découvre mon premier dripper, le Ego-L. Des coils presque aussi fin que du fil de pêche (une invitation à ce qui sera plus tard une autre de mes passions ?) pour s’éclater jusqu’à des 20 watts aujourd’hui bien lointains des monstres à double coil pour vaper comme des cheminées.
J’ai dix huit ans, je m’éclate dans mes nuages mais ma recherche professionnelle va me jouer un nouveau mauvais tour…
Pour prendre un nouvel élan, me voilà apprenti vendeur dans un carrefour express. Il sera malheureusement aussi générateur de stress.
Au bout de trois mois, les deux pauses par jour de dix minutes auront raison de mon plaisir de vaper. Pas le temps de me charger assez en nicotine, les tiges insidieuses vont revenir envahir mes journées. La vape devient recluse aux quatre murs de ma maisonnée. C’est un retour vers l’enfer enfumé pour deux années.
J’ai vingt ans, après cet apprentissage infructueux dans ses suites, je retourne au bâtiment en intérim. Pendant trois années supplémentaires ce sera cette fois adieu la vape et bonjour à la clope à plein temps.
Le vieux cowboy sur son cheval sera mon compagnon indéfectible alors que mon setup chevaleresque ira prendre la poussière dans un vieux tiroir de mon placard.
J’ai vingt trois ans, c’est l’été et je reprends le sport dans une salle de musculation.
J’y rencontre Olivier avec qui je deviens vite pote et qui me dit un jour qu’il travaille dans un shop de vapote. Pendant nos séances de fonte, on papote beaucoup, de mon passé et de son présent.
A force de souvenirs, c’est la flamme qui se rallume. Je lui dis que je passerai à sa boutique un jour histoire de voir où on en est.
Ce jour arrive et il me montre une magnifique Pico avec son clearo Cubis. Je l’acquiers aussitôt. Il me fait découvrir aussi de nombreux jus dont des fruités merveilleux.
Je profite d’une baisse d’activité professionnelle et du sport pratiqué pour me remettre majoritairement à vaper et pouvoir reléguer le triste cowboy aux seules soirées de festivités. Je me sens par le manque parfois un peu oppressé mais j’ai une forte volonté de ne pas m’y attarder.
En octobre je reprends mollement les chantiers avec les insidieuses blondes pour pourrir mes journées.
Un beau jour, lassé de ce rythme de vie insatisfaisant et vantant mon passé d’apprenti vendeur et d’érudit
vapoteur, je demande à demi en rigolant, à mon ami si je peux faire un stage de vendeur dans son échoppe. Son patron accepte et je démarre quinze jours qui seront une révélation.
Quelques temps après, alors que quasi j’y campais, on me propose d’abord un CDD à mi-temps dans ce shop où si bien accueilli. C’est la veille de ce jour béni que j’écrasai ma dernière blonde insidieuse pour des adieux j’espère cette fois sans retour.
Durant cinq mois je n’ai cessé d’apprendre et de me régaler dans ce métier de conseiller / vendeur explorant tous les rivages du MTL au DL en clearo puis en reco.
Gaillac le 16 septembre 2021 15h30 :
Je suis passé à plein temps à la fin de mon CDD dans un autre shop du même propriétaire. Deux ans de folles acquisitions.
Je me régale toujours d’accompagner les primo comme les plus aguerris.
A l’affut des nouvelles sorties, je ne me lasse jamais de débusquer les belles nouveautés.
De retour au MTL avec principalement ma belle Pipeline Pro Eighty, je déguste toutes les gammes par plaisir et passion, mais j’ai arrêté de dépenser tout mon pognon.
Je me sens maintenant accompli avec une vape apaisée pour c’est sûr perdurer.
J’espère que cette petite histoire vous aura distrait, et peut-être inspiré ou conforté pour ne jamais quitter ce petit nouveau monde, aux poumons nettoyés.
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