A l’occasion de la journée mondiale contre le cancer en février de cette année, Emmanuel Macron fait le vœu d’une « génération sans tabac » pour 2030.
Une stratégie pour lutter contre cette maladie avec comme ambitions de réduire de 60 000 par an le nombre des « cancers évitables » d’ici 2040, avec un total de 153 000, en ciblant la consommation de tabac en priorité ; celle-ci étant à l’origine de 75 000 décès par an, soit 1 décès sur 8.
Rien d’étonnant pourtant, qu’un politicien vise un monde sans tabac au nom de la santé publique ; Mais qu’un fabricant de cigarette dresse la même perspective...
En revanche, c’est du jamais vu ! Pourtant le patron de Philip Morris International en a fait un combat !
2031 - Le Japon sans tabac
«
Nous réaliserons une société sans fumée d’ici dix ans au Japon », a annoncé Nikkei Jacek Olczak dans une interview, juste après son entrée en fonction au poste de DG de PMI (Philip Morris International). CNN dévoilait même que le groupe envisageait d’étendre cette politique à d’autres de ses marchés, en juillet dernier et notamment au Royaume-Uni.
« Chez Philip Morris International, nous nous concentrons sur notre mission d’arrêter un jour la vente de cigarettes. Le meilleur choix pour tout fumeur adulte est d’arrêter complètement la nicotine. Cependant, pour les fumeurs adultes qui n’arrêtent pas, ils méritent de meilleures alternatives », déclare le groupe, qui a fondé en 2007 la Fondation pour un monde sans fumée, en fait un nouvel outil de lobbying pour diviser les acteurs de la lutte anti-tabac et promouvoir les alternatives et notamment la
cigarette électronique.
6 milliards de dollars dans la R & D
Une stratégie commerciale en développement, en effet pour PMI la e-cig à un potentielle très lucratif, le groupe a donc développé sa première cigarette électronique ; IQOS, qui fonctionne sans combustion, sans papier mais qui reste sur le principe du tabac chauffé par cartouches.
« IQOS fait partie de notre portefeuille de produits sans combustion, dans lequel nous avons investi plus de 6 milliards de dollars et 10 années de recherche et développement », précise le groupe.
IQOS a vu le jour en 2014 au japon et en Italie, il s’est peu à peu étendu dans 64 pays du monde.
Le 20 juillet dernier, la présentation des résultats de Philip Morris démontre qu’IQOS est devenu un élément stratégique du groupe.
« Le nombre total d’utilisateurs d’IQOS à la fin du trimestre est estimé à environ 20,1 millions, dont environ 14,7 millions sont passés à IQOS et ont arrêté de fumer. La part de marché des unités de tabac chauffé sur les marchés IQOS, hors Etats-Unis, est en hausse de 1,4 point à 7,3 %. Les revenus nets des produits sans fumée représentaient 29,0 % du total des revenus nets ajustés », a détaillé le groupe, dont l’objectif est de générer au moins un milliard de dollars de chiffre d’affaires d’ici 2025 dans les produits sans nicotine.
Une stratégie santé ?
Pour cela, Philip Morris mise sur « le bon cheval ». En juillet dernier, il est devenu
propriétaire de la société britannique Vectura, spécialisée dans les inhalateurs médicaux qui – ironie de la situation – sont utilisés pour soigner les maladies liées au tabagisme…
« Le marché des produits thérapeutiques inhalés est vaste et en croissance rapide, avec un potentiel important d’expansion dans de nouveaux domaines d’application », expliquait alors le groupe. Et il y à deux semaines, Philip Morris annonce l’acquisition d’un spécialiste des médicaments inhalés, OtiTopic, qui est le concepteur d’un traitement inhalable à un stade avancé pour l’infarctus du myocarde.
« Comment peut-on prendre cela au sérieux de la part d’une société qui vend plus de 10 % des cigarettes fumées dans le monde ? » soulignait la dirigeante de l’association de santé publique britannique « Action on Smoking and Health ».
Évidemment cette nouvelle stratégie laisse tous les militants anti-tabac sceptiques.
Un axe fort
Il n’y a jamais eu autant d’adeptes du
vapotage !
« Aujourd’hui, la France compte quelque 2 millions de vapoteurs (4,4 % des personnes âgées de 18 à 75 ans). Et le potentiel théorique du marché de la vape est considérable. Si 45 % des fumeurs de l’Hexagone (plus de 11 millions de personnes de 18 à 75 ans) passaient à la cigarette électronique, le marché avoisinerait les 2 milliards d’euros, soit le double du marché actuel », indiquait Benoît Samarcq - cabinet Xerfi.
Prouvant ainsi que la cigarette électronique devient le nouvel objectif pour tous les cigarettiers.
Un développement aux multiples possibilités !
Pas question de laisser un vapoteur faire ça recharge de
e-liquide seul ; Les cigarettiers comptes bien créer une « habitude » pour leurs clients en leurs proposant l’achat de cartouches pré-remplies (pods).
« Les géants du tabac redoublent d’efforts pour tenter de convertir les Français aux pods (systèmes fermés). Les capsules d’e-liquides de la marque génèrent de facto des revenus récurrents puisque la clientèle est captive et dégagent des marges confortables. Dans ces conditions, les géants du tabac n’ont aucun intérêt à promouvoir un marché ouvert de la vape », poursuit l’expert.
La e-cigarette, qui à ces débuts étaient considérée comme un fléau, est maintenant l’un des principaux relais pour les buralistes, sans compter les
boutiques de vape qui rivalisent de plus en plus avec la vente en ligne.
Si l’objectif d’un monde sans tabac se profile, celui de l’addiction à la nicotine est encore loin de le devenir.