Quelle cause noble et grandiose : aller défendre jusqu’en Cour suprême le droit de brimer la liberté des Québécois.
Et qui se donne une telle grande mission ? Le gouvernement du Québec, rien de moins.
Décidément, la liberté fondamentale d’expression, au Québec, n’est d’aucune considération et ne pèse strictement rien en regard des prérogatives que s’est donné le gouvernement en matière de santé publique et face auxquelles personne n’ose lever le doigt.
Et la santé des fumeurs non plus, faut-il croire.
C’est donc sans étonnement aucun que DepQuébec a appris en exclusivité que le gouvernement provincial compte aller en appel de la décision historique de la Cour supérieure rendue le mois dernier et obligeant le gouvernement à réviser certains articles de la loi concernant la lutte au tabagisme qui touchent principalement la publicité des produits auprès des fumeurs et le fait pour les
vapoteries de pouvoir montrer leurs produits en étalage.
De source sûre, nous avons appris que l’une des parties liées au procès, soit l’Association québécoise des vapoteries (AQV), a été avisée formellement la semaine dernière par le gouvernement que ce dernier entendait faire appel du jugement.
Et s’il reste quelques appels du pied à faire avant que la décision soit finale, c’est à toute fin pratique réglé et peine perdue et il est d’ores et déjà avéré que Québec s’évertuera à plaider ses errements et sa politique inepte dans une démarche qui s’apparente tout à fait à de l’obstruction systématique à l’égard d’un regroupement fragile et vulnérable de commerçants honnêtes qui veulent promouvoir une alternative moins toxique au tabac.
Années perdues et sommes gaspillées
Cette décision malavisée et essentiellement idéologique de la part d’un gouvernement qui a littéralement perdu ses repères lorsqu’il est question de tabac ou de vapotage n’aura pour conséquence que de faire perdre du temps, de l’argent et d’humilier davantage les protagonistes de la ligne dure envers la réglementation sur le
vapotage.
De l’avis général, le juge Daniel Dumais a fait un travail exemplaire tout le long de ce procès et rendu un jugement d’une grande qualité, bien détaillé, inspiré et d’une rigueur irréprochable.
Il est fort dommage que Québec ne l’ait pas reconnu, voire même célébré.
Sa décision, loin de tout accorder aux tenants du vapotage, est un triomphe de modération, insistant sur les aspects à modifier qui touchent la santé des fumeurs.
Mais l’idéologie prohibitionniste qui tient lieu de politique officielle au Ministère de la Santé et des services sociaux ne saurait souffrir de pareille nuance.
Ce mode de pensée est simpliste et surtout, tellement prévisible: tout ce qui est interdit est bon, tout ce qui est permis est mauvais.
Pour les dépanneurs qui aspiraient à y voir un tremplin facilitant la transition du tabac au vapotage, c’est peine perdue. Il faudra attendre encore plusieurs années avant que ce soit chose faite.
Et entre-temps, rien n’empêchera ce ministère de s’auto-lobbyer comme il le fait depuis 20 ans pour continuer à implanter son agenda liberticide qui fait bien peu de cas de l’intelligence des gens.
Et la santé ?
Rappelons aussi que l’argument principal derrière le jugement de la Cour supérieure est que la présente loi sur le tabac nuit à la santé des fumeurs!
En effet, en interdisant la publicité du vapotage aux fumeurs (chose que permet le gouvernement fédéral et la vaste majorité des provinces), Québec s’obstine à ne pas vouloir leur rappeler qu’il existe une alternative plus saine à la cigarette, se privant ainsi d’une opportunité gigantesque d’accélérer la diminution du nombre de
fumeurs au Québec qui sont encore bien plus qu’un million.
Et à Québec, on se bombe le torse en plus en s’engageant sans rire à pouvoir baisser le tabagisme à 10%, voire 5% dans les prochaines années!
C’est une décision qui n’est ni rationnelle, ni logique, ni sensée, mais bien plutôt fondamentaliste et idéologique émanant de ce qui s’apparente de plus en plus comme un État dans l’État.
Source : Dep Québec