19 Août 2016
Aucun conseil médical, aucun substitut nicotinique, juste de l’argent. Cette recette, testée par l’Université du bout du lac, fonctionne pour stopper le tabac – au moins pour les bas salaires. Durant 18 mois, 800 volontaires au revenu annuel inférieur à 50.000 fr. ont été testés. La moitié a reçu jusqu’à 1500 fr. de bons chez Migros : 9,5% ont réussi à se débarrasser de la cigarette. L’autre groupe n’a rien perçu: seuls 3,7% de ses membres ont réussi leur pari. Cet écart de taux de réussite (5,8%) est similaire à celui observé avec les autres méthodes.
« Ces résultats sont intéressants pour la population à bas revenu, note le docteur Jean-Paul Humair, directeur du Cipret-Genève, organisme chargé de combattre le tabagisme. Ce groupe compte plus de fumeurs que les autres et est moins réceptif à la prévention. L’approche financière offre une arme en plus. » Le chercheur Jean-François Etter, qui a réalisé l’étude pour la faculté de médecine, note qu’une différence de réussite de 5,8%, « c’est peu au niveau individuel, mais c’est un gros effet en terme de santé publique. »
Si l’expérience était généralisée, « l’argent viendrait des taxes prélevées sur le tabac, qui rapportent environ 15 millions par an », estime-t-il. Jean-Paul Humair juge que la mise en œuvre sera ardue. « Les pouvoirs publics réduisent leurs dépenses, les assurances sont peu enclines à investir dans la prévention. Peut-être faut-il imaginer un financement via la taxe sur le tabac ou une application à l’échelle d’un canton. »
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