Big Tobacco mentirait sur le taux de nicotine et de goudron

Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a porté plainte contre les filiales françaises de quatre grands fabricants.

C'est un scandale d'ampleur qui pourrait ébranler l'industrie du tabac. Une plainte pour «mise en danger de la vie d’autrui» a été déposée contre les quatre grands fabricants de cigarettes par le Comité national contre le tabagisme. Le CNCT accuse les cigarettiers, déjà soupçonnés par ailleurs de pratiques anticoncurrentielles, de «falsifier les tests» sur la teneur réelle de goudron, nicotine et monoxyde de carbone du fait de «l’existence de minuscules trous» dans les filtres de cigarettes. Ces trous agiraient comme un «système de ventilation invisible».

«Ce dispositif de micro-orifices dans le filtre des cigarettes empêche les autorités de savoir si les seuils de goudron, de nicotine, et de monoxyde de carbone qu’elles ont fixés sont dépassés», reproche le CNCT. «La teneur réelle en goudron et nicotine inhalée par les fumeurs serait entre 2 et 10 fois supérieure pour le goudron et 5 fois supérieure pour la nicotine. […] Les fumeurs qui pensent fumer un paquet par jour en fument en fait l’équivalent de deux à dix», affirme le CNCT. La plainte vise les filiales françaises des quatre grands cigarettiers, Philip Morris, British American Tobacco, Japan Tobacco International et Imperial Brands (dont Seita est une filiale). Elle a été déposée le 18 janvier au parquet de Paris, a précisé l’avocat du CNCT, Pierre Kopp.

Lorsque le paquet neutre a été imposé fin 2016, la mention des taux de goudron et de nicotine a été supprimée. Des consommateurs avaient protesté, revendiquant de savoir ce qu’ils consommaient. Mais à en croire le CNCT, ils n’en avaient déjà pas une idée sincère. Selon Pierre Kopp, les microtrous dans les filtres font baisser le taux des substances dangereuses uniquement lorsque la cigarette est testée par une machine. Lorsqu’elle est fumée par un individu, les perforations au laser sont bloquées par les doigts et les lèvres du fumeur.

L’existence de «trous de ventilation» dans les filtres à cigarettes n’est pas nouvelle. Elle date, selon le CNCT, de la fin des années 1950, au moment où les mesures du taux de goudrons et de nicotine ont commencé à être imposées aux Etats-Unis. «Aujourd’hui, 97 % des cigarettes comportent des perforations invisibles du filtre», souligne le comité de lutte contre le tabagisme qui souhaite que «les Français comprennent quel est le comportement de cette industrie», selon le professeur Yves Martinet. Pour lui, qui préside le CNCT. L’objectif de l’industrie du tabac est «de rendre les gens accros à la nicotine, pour qu’ils reviennent acheter leur drogue».


Source : Le Parisien